Dans le Nord de Thessalonique en Grèce, l'usine Vio Me qui appartient à ses travailleurs est au cœur des débats et déchaîne les passions de la société grecque.

L'histoire ressemble à beaucoup d'autres pour les travailleurs grecs dans leur pays. La crise qui touche fortement le pays, des patrons qui abandonnent l'usine en s'accaparant les bénéfices et prenant le soin de laisser une dette de millions d'euros, des indemnités chômage très faibles pour les travailleurs... En 2011, les travailleurs sont au pied du mur et réagissent par l'occupation symbolique de l'usine pour éviter que les patrons ne puissent récupérer les machines. Il s'en suit des réunions collectives des travailleurs pour survivre dans un milieu hostile et le slogan de Vio Me émerge : "Occupy, Resist and Produce".

Les travailleurs décident alors de réorganiser le travail au sein de l'usine, de prendre les décisions de façon collective et directe et de repenser la production au sein de l'usine. Exit la colle pour le carrelage qui est importée et coûte trop cher en matière première, les ouvriers décident de produire des produits de ménages écologiques à base d'huile, matière première très présente en Grèce. Des savons, liquide vaisselle, produits de lessive, produits nettoyants d'intérieur,... sont réalisés par les travailleurs de l'usine. Ce virage écologique entrepris par les travailleurs démontre leur volonté de produire de façon responsable, qui ne nuise pas à la santé des générations présentes et futures. L'usine devient rapidement un symbole en Grèce, puis en Europe et au niveau international de la lutte des travailleurs pour l'autodétermination et l'autogestion, en voie vers la fin de l'exploitation par le travail.

Actuellement, l'usine Vio Me est toutefois menacée et se situe dans un gigantesque conflit contre les anciens propriétaires, d'abord condamnés lourdement qui ont vu leur peine se réduire drastiquement, contre les syndicats, les partis politiques et le gouvernement. Cette lutte pour l'autodétermination coûte beaucoup de temps, d'énergie et de moyens financiers qui ne permettent pas encore à l'usine d'envisager l'avenir avec sérénité. C'est pourquoi, l'Épicerie Équitable, touchée par cette lutte ouvrière et convaincue de la pertinence de l'autogestion des structures, décide de soutenir cette lutte menée par les travailleurs grecs en s'approvisionnant directement à l'usine Vio Me et ainsi permettre aux clients de l'épicerie de s'engager en faveur de ce combat pour la dignité des travailleurs.